D’où viennent les émotions?

Certains de mes patients sont étonnés lorsque je leur suggère que les émotions sont corporelles. Pour eux, les émotions sont mentales, associées à des pensées. Les réactions physiologiques, des conséquences.

Un article récent de Cerveau et Psycho (#147) est venu me rappeler cela et notamment la lecture du médecin Antonio Damasio (l’erreur de Descartes: la raison des émotions chez Odile Jacob) et qui a développé la théorie des marqueurs somatiques; Je livre à la suite un extrait de l’article:

LE CORPS, BASE DES ÉMOTIONS. De nombreux chercheurs sont aujourd’hui convaincus que l’intéroception est une condition préalable au ressenti émotionnel. La thèse selon laquelle les émotions ont des racines physiques a été formulée dès 1880 par le psychologue américain William James, qui considérait les changements physiques non pas comme le résultat d’un vécu émotionnel, mais comme sa cause : nous n’avons pas une boule dans la gorge parce que nous sommes tristes, mais nous sommes tristes parce que nous avons une boule dans la gorge. Le neuroscientifique portugais António Damásio a développé cette théorie de manière décisive dans les années 1990 à l’université de l’Iowa. Selon Damásio, les émotions s’accompagnent toujours de réactions physiques. Lors de chaque expérience émotionnelle – par exemple lorsque nous rencontrons un animal dangereux –, certaines structures s’activent dans le cerveau, comme l’amygdale en cas de danger. Celle-ci met le reste du corps en état d’alerte par la libération d’hormones ainsi que par les voies nerveuses : le cœur bat plus vite, les muscles se tendent, du glucose est libéré dans le sang, la pression artérielle augmente. Au milieu de tout cela, nos sentiments n’apparaissent que lorsque nous percevons ces changements physiques. (In Sentir son corps de l’intérieur Par Frank Luerweg, biologiste et journaliste scientifique.)

Ainsi, c’est bien le corps qui informe le cerveau en retour de son action sur ce dernier. Il nous invite à faire sens de ce qui est en train de se passer afin que vous puissions réagir. Pour le faire, il est alors nécessaire de puiser dans notre expérience mémorisée pour envisager des actions. Leur effet viendra enrichir sa « base de données » en fonction des résultats constatés de notre action.

heurs